mardi 26 décembre 2017

Parler écrire








Toi tu aimes parler
Moi j'aime écrire
A ta bouche je colle mon regard qui te lit
Ta lèvre tremblée
ce mouvement d'humectation
L'exactitude de dire que tu cherches
Et que tu me tends
Mes développements précisions analogies
Questions images
Te regarder
T'écouter
Te boire
Et du doigt suivre les courbes
Sèches de tes épaules un peu voûtées
De la main retenir la douceur levée
Du centre de ton corps
Parler et écrire
A ma bouche tes lèvres se taisent
Me boivent
Tout tremble perd ses feuilles en hiver
Et les recrée au printemps










Egon Schiele, "Je peins la lumière qui vient de tous les corps"
Lettres et poèmes radieux issus des plus sombres tourments du peintre viennois
Traduit de l'allemand par Henri Christophe
Pour les Éditions Agone
2016






vendredi 22 décembre 2017

Redécouvrir Charles Juliet




Entre les cris du monde et des hommes, le silence est parfois assourdissant.
Ecouter l'intelligence parler est une musique bien vivifiante.

"je n'avais jamais écrit j'étais d'une immense ignorance  j'ai multiplié les lectures ce qui ne faisait qu'aggraver ma confusion progressivement j'en suis sorti...
Le travail d'élucidation, de simplification ne se fait que dans la solitude...
Il suffit que j'attende, et après décantation ce que je ne pouvais aborder prend forme de soi-même
je ne force jamais..."

https://www.franceculture.fr/emissions/le-temps-des-ecrivains/peut-etre-ne-peut-vraiment-imaginer-que-ce-que-lon-a-vecu-deja-soi-charles-juliet

"j'aime me tenir au dedans
voilà pourquoi je suis resté en retrait au long des années
je n'avais aucun désir de me tailler un sentier à coups de serpe dans le fouillis du monde
je me contentais d'accueillir ce qui venait à moi ce que la vie m'offrait
la main se refusait à saisir à s'affirmer
elle ne savait que s'ouvrir et recevoir ce qui lui était accordé
ainsi ma vie durant j'ai été soumis à cette règle
ne rien demander
accepter ce qui m'était octroyé"

Note de Charles Juliet in Gratitude



Cézanne avait une conscience aiguë du temps qui passe, il voulait construire quelque chose d'immuable où l'eau ne bouge pas. Échapper à la condamnation, à nos limites.

douce et paisible est la nuit
je n'ai plus peur
ma lumière a de solides racines

in Moisson


Et enfin cette citation si précieuse de Novalis :
"poser le doigt sur un corps humain c'est toucher le ciel "




mardi 14 novembre 2017

Quel prix






il en faudra beaucoup 
des mots, des actes surtout
il sera nécessaire d'en peser 
le poids ou d'en estimer
la terrifiante légèreté
pour chaque vie perdue
gâchée
pour chaque existence 
en moins
quel prix sommes nous prêts à payer
pour la vie
la nôtre
dans ces conditions là ?
quel prix ?
Combien valent les vies de nos enfants ?










samedi 11 novembre 2017

BAGDAD



BAGDAD, DÉSESPÉRÉMENT

par Salah Al Hamdani, poète irakien exilé en France depuis 1975

Partir sans se quitter soi-même
regarder simplement le bleu de la mer
et s’imprégner de la chair du ciel
Ne pas fuir sa nuit
sur un navire inerte
Partir n’est pas regarder devant
mais corriger l’usure du temps
ébarber les saisons
Partir ne signifie pas chasser le clair de lune
mais l’aube qui aboie au fond de l’homme
Car c’est ici
que l’averse dissimule l’ombre de Bagdad
comme au retour d’un long voyage
comme une saison obscure
cadencée par le deuil
Le lointain vient en petites vagues
et se fixe comme une aile sur mon matin
Alors je sors
je marche
et je m’élève
dans la lumière aveuglante
Puis je me balance
comme un hiver égaré dans sa brume















vendredi 20 octobre 2017

Quelque chose glisse











Quelque chose glisse doucement sur la pente d'un monde
Un lambeau s'accroche et reste un peu le temps de la désagrégation
Avance et laisse filer les mains contre la paroi
Glacée ou tiède des amours passées il n'y a plus
Que toi et moi dans le miroir déformant de nos mémoires
Corps liés défendant ce qui peut encore l'être
Et le néant sourit accueillant et libérateur

















http://www.luclamy.net/blog/wp-content/uploads/2016/09/marche-a.gif

Trente sept






Ses seins n'ont jamais été aussi bas
Il a pris un peu de ventre
Pourtant ils font encore l'amour
Encore et encore
Cela fait trente sept ans
C'est un règne long de reine vieillissante.

Parfois elle plonge
Son regard en lui fouille
Elle plonge dans l'eau
Ou dans le désespoir des saisons
Dans celui des filles qui n'ont pas sa chance
En qui on introduit des choses en plastique
Ou pire
Pour jouir.

Elle
Elle n'a fait l'amour qu'avec des hommes tendres 
Elle a eu cette joie 
La joie

Trente sept ans d'amour











mardi 10 octobre 2017

flot






ce qui si simplement s'instaure
dans le silence de nos mains
lorsque nos yeux murmurent
tu me brûles et je t'agape
ce qui s'écroule et s'enroule
entre les nœuds des hamacs
dans ces bateaux qui tanguent
un tango qui n'est pas cap'
de mener la barque
ni de casser la baraque
ce qui si simplement s'instaure










La tête sous l'eau




J'entends mieux
















dimanche 13 août 2017

le jeu des nuages et de la pluie








et pour mon plaisir je te sens
j'outrepasse mon droit
je prends ce qui n'est pas pour moi
je le bois l'absorbe le respire
seule une infime portion de ce qui est vécu reste
il faut chasser combattre dompter compter
et sous la surface
répondre au signal
enclencher les mutations
il faut un soleil plus haut
un esprit plus droit
une forêt intérieure
une flore
une quête permanente
de lumière











mercredi 9 août 2017

lundi 24 juillet 2017

Dire des bêtises



(Entrer dans la forêt mouillée 
glisser dans les sentiers boueux
animale,
demander de l'aide à mon chien
tire moi de là, tire moi)








Et penser à expliquer à ma toute petite 
que parfois les rires et les larmes sont si puissants 
qu'ils peuvent faire peur
alors on les fragmente en  morceaux
- sanglots pour la peine
éclats de rire pour la joie -
pour qu'ils soient plus petits
plus faciles à montrer
plus légers à porter

les empêcher de nous couper
en retombant
(doux comme de la neige 
ou de la pluie
ou des pétales de cerisier)

et dire des bêtises pour les cacher



*



samedi 22 juillet 2017

Elle lui






Elle lui c'était il y a longtemps
deux graines jetées au vent
deux mélanges improbables
deux brouillons de l'histoire 
aussi différents que possible
elle hurlait de rire
il se pinçait pour pas
lui blond et bleu
elle châtaigne et doré 
elle dévorait
il se retenait
elle débordait
il se contenait
elle chantait
il taisait

mais ils l'avaient aimé
l'autre, le même

et il ne lui avait pas pardonné





*

mercredi 5 juillet 2017

Nocturne







la nuit est une tragédie opaque et trouée
y gisent des poupées palotes démembrées 
s'y tapissent les longues lames abandonnées des bouchers

la nuit vagit comme un opéra furieux
y éclatent les gifles froides des vagues contre les rochers
les griffes des viols dans les lits conjugués aux parquets

la nuit geint et se tort 
entre dans les corps
sous couvert de bois et de braise

la nuit on prépare les morts
on les emballe on les étiquette
et pour les oublier on s'endort en chien de fusil

la nocturne nous envahit 
nous couverture nous drape
met le paquet dans nos rêves
qu'on a trahis





absolue transparence









*


dire la béance de l'attente
des bras ne plus faire qu'un seul cercle
dépoussiérer les sourires
offrir l'encens des cernes grisâtres
entendre la musique que nul autre n'entend
être dans l'absolue transparence


*


*



je ne cache rien
regarde-toi


*




lundi 26 juin 2017

crucial







*

le plus grand privilège n'est-il pas
 qu'il nous soit confié des enfants ?


*









jeudi 15 juin 2017

unicité














L'amour n'empêche pas l'amour

et je me disais qu'il y a des êtres qui sont comme des musiques
on ne peut s'en détourner
car toute tentative est l'équivalent
d'un arrachement
qui a pour prix
notre propre vie





















mardi 23 mai 2017

Tu ne m'as jamais dit






Tu ne m'as jamais dit si ma réalité est à la hauteur de mon absence
si lorsque je suis auprès de toi pèse 
de tout son poids 
la légèreté de mon âme
ou si 
mon corps seul l'emporte
Si tout ce que je n'écris plus
-puisque à tes côtés je ne suis plus si loquace-
-puisque seul mon silence peut voiler le tremblement de ma voix- 
-puisque je voudrais tout te dire, les couleurs que je vois, ce que je sens, les poèmes que je lis, les musiques que j'aime, les parfums qui me font respirer-
Tu ne m'as jamais dit comment 
tu entends gérer ce paradoxe
du pas assez et du trop présent
parce que tu ne sais pas
parce que je ne sais pas 
Tu ne m'as jamais dit









mercredi 17 mai 2017

dimanche 30 avril 2017

Intercalée






Toi, toujours entre deux chapitres
L'un finissant l'autre rêvé
Et moi, intercalée
Marque page
bien aimé
glissé















mercredi 5 avril 2017

Reste à faire










arrondir les santolines sous l'olivier
débarrasser les lavandes des dernières branches sèches
donner un palmier à Cathy
regarder le pommier avant qu'il ne fane
enlever les ronces
attendre les cétoines dorées avec le céanothe
déplacer le pittosporum dans la haie
respirer le romarin 
me soigner



























mardi 4 avril 2017

Uniquement







si je devais mettre un instrument dans ma tête ce serait une flûte traversière
ici j'entends les voix mais je ne cherche plus à comprendre les mots
tout a tellement changé en si peu de temps
si je devais me transformer je voudrais être un jardin
et que les jardiniers s'y succèdent un par un
sans détruire ce que le précédent a fait
juste être là et pousser doucement mes fleurs étranges
et dormir dans l'eau
mourir pour renaître un an après ou pas
mais d'autres oui le feraient si moi non
et puis si je devais retenir une main ce serait la sienne
la sienne
uniquement







Mary Garden









lundi 3 avril 2017

L'autre printemps




d'une voix qui repose
d'un bras qui enlace
d'un regard qui s'appuie

que ta mie bien te baise

qu'à la floraison des roses
ce vieux pot ne se casse
de trop d'ennuis






(je sais ce n'est pas une rose, mais c'est le mur que j'aime)






mardi 28 mars 2017

Même les hérissons font l'amour







Cette débauche de fleurs de pistils et de glands 
peut être si insupportablement féconde !
Un seul moyen pour survivre y plonger !
Etre le bruit joyeux de la cascade,
le premier chant  d'amour du jeune merle,
connaître le poids des bois sur la tête du cerf.
Que notre solitude commune ne soit plus 
la condition sine qua non de l'effusion
Même les hérissons font l'amour,
ce n'est pas facile
mais ils le font.
















jeudi 23 mars 2017

les paradoxes essentiels





Laisser tout désir s'endormir pour mieux s'éveiller
Ouvrir les bras pour ne rien étreindre
Chercher ce qu'on ne peut trouver qu'en ne cherchant rien
Nommer ce pour quoi il n'y a pas de mot
Voir ce qu'on ne peut deviner qu'en refermant les yeux en dedans de soi
Le cœur battant
Sans que plus rien n'importe
Juste trembler de vivre
Frémir d'être





mercredi 22 mars 2017

et flotter à l'envers...












"Que doit faire quelqu’un pour qui les êtres sont aussi pesants que les livres, aussi superflus et étrangers, parce qu’il ne peut trouver en eux ce dont il a besoin, parce que, ne pouvant faire un choix, il prend en eux à la fois l’important et le fortuit, ce qui est une charge pour lui ? Que doit-il faire, Lou ? Doit-il rester complètement solitaire et s’habituer à vivre avec les choses qui lui ressemblent davantage et ne lui imposent aucun fardeau ?"

Rainer Maria Rilke




vendredi 17 mars 2017

Entrelacs








Il y a des situations inextricables
Des ailes qu'on ne peut arracher
Des bras qu'on ne peut détacher
Il y a des mots qu'on ne peut pas dire
Même entre les lignes
Il y a des rêves qu'on ne peut réaliser
Des morts qui ne se réveillent pas
D'autres se réveillent 
Et jouent les gardes du corps
Du haut des balustrades
Retiennent ce qui penche dangereusement
Heureusement brisés ils étayent
Nos bancales constructions
Tuteurs fragiles
Et endimanchés














dimanche 5 mars 2017

hoquet






l'espèce humaine va droit à sa perte et entraîne dans sa chute des milliers d'autres espèces
ok 
on nous dit que la planète s'en remettra
ok
elle s'en fout donc la planète de voir le ventre des tortues luth déformées par les filets dérivants ?
elle s'en fout de voir ses orangs-outans par terre ?
ok
il faut croire qu'elle s'en fout
si elle laisse faire

à moins qu'elle soit impuissante
comme nous


















samedi 4 mars 2017

autre monde





*

et s'il y a un autre monde
le détruisons-nous avec autant d'application
que nous en mettons pour celui-ci ?

*

car qui nous dit
que notre âme
fera mieux là-bas
qu'ici ?

*

"notre" âme
qui
une fois détachée de nous
se mélangera à d'autres

*

pour le meilleur et pour le pire

*










Antonin








"J'ai besoin, à côté de moi, d'une femme simple et équilibrée, et dont l'âme inquiète et trouble ne fournirait pas sans cesse un aliment à mon désespoir. Ces derniers temps, je ne te voyais plus sans un sentiment de peur et de malaise. Je sais très bien que c'est ton amour qui te fabrique tes inquiétudes sur mon compte, mais c'est ton âme malade et anormale comme la mienne qui exaspère ces inquiétudes et te ruine le sang. Je ne veux plus vivre auprès de toi dans la crainte. J'ajouterai à cela que j'ai besoin d'une femme qui soit uniquement à moi et que je puisse trouver chez moi à toute heure. Je suis désespéré de solitude. Je ne peux plus rentrer le soir, dans une chambre, seul, et sans aucune des facilités de la vie à portée de ma main. Il me faut un intérieur, et il me le faut tout de suite, et une femme qui s'occupe sans cesse de moi qui suis incapable de m'occuper de rien, qui s'occupe de moi pour les plus petites choses. Une artiste comme toi a sa vie, et ne peut pas faire cela. Tout ce que je te dis est d'un égoïsme féroce, mais c'est ainsi. Il ne m'est même pas nécessaire que cette femme soit très jolie, je ne veux pas non plus qu'elle soit d'une intelligence excessive, ni surtout qu'elle réfléchisse trop. Il me suffit qu'elle soit attachée à moi. Je pense que tu sauras apprécier la grande franchise avec laquelle je te parle et que tu me donneras la preuve d'intelligence suivante : c'est de bien pénétrer que tout ce que je te dis n'a rien à voir avec la puissante tendresse, l'indéracinable sentiment d'amour que j'ai et que j'aurai inaliénablement pour toi, mais ce sentiment n'a rien à voir lui-même avec le courant ordinaire de la vie. Et elle est à vivre, la vie. Il y a trop de choses qui m'unissent à toi pour que je te demande de rompre, je te demande seulement de changer nos rapports, de nous faire chacun une vie différente, mais qui ne nous désunira pas. "



A Artaud


Van Gogh, le suicidé de la société de Antonin Artaud
Qu'est ce que dessiner ? Comment y arrive-t-on ? C'est l'action de se frayer un passage à travers un mur de fer invisible, qui semble se trouver entre ce que l'on sent et ce que l'on peut. Comment doit-on traverser ce mur, car il ne sert a rien d'y frapper fort, on doit miner ce mur et le traverser à la lime, lentement et avec patience à mon sens.

VAN GOGH Lettre à Théo
















mercredi 1 mars 2017

Bergère




*
au ciel il y a des moutons blancs
 et aussi des moutons noirs


*
lever les yeux au ciel
ou baisser les paupières
de toute façon
les flaques lui font miroir












mardi 28 février 2017

sa douce



*
il me dit que je suis sa douce
j'entends sadhu.....sssssssssssss
il me serre plus doucement
me laisse respirer un peu mieux
en s je sens son ventre tout contre

 sa douce
je veux bien être ça

la marée des draps de lin bleu froissés
réconfortantes vagues enveloppantes
paupières en papillons endormis

*

la petite fille est là
la petite fille qui ne comprenait pas les autres enfants
les autres qui étaient si vulgaires si bêtes
les autres qui imitaient les adultes
la petite fille elle regardait les oisillons tombés du nid
la vie encore tremblante
la petite fille qui tremblait avec les oiseaux





l'autre m'avait dit "ces jours là tu ne viendras pas"
et j'étais d'accord
l'imbécile

l'imbécillité si conformiste dans son inconsistante exigence
sa liberté conditionnelle
sa cruelle indépendance revendiquée
la rébellion infertile
l'impudence  




*
je veux bien être amour avec lui
avec lui je le peux


*


















encore 





















lundi 27 février 2017

Désert







j'ai cru ne jamais être allée dans le désert, mais en fait, si, j'y suis allée
j'ai vu l'océan de sable à perte de vue, dans sa plus pure perte
dune après dune montée puis descendue j'ai connu l'espoir fou
celui de l'eau ou celui même du mirage de l'eau
là où se mêleraient les souvenirs et l'attente
là où reviendrait le goût
j'ai cru ne jamais avoir connu l'absence de sécheresse du sable
pour ne plus en sentir que l'abrasive douceur
celle qui décape tout
celle qui découvre et soulève
jusqu'à la dernière pellicule de peau
celle qui nous fait
os
puis poussière
puis
rien
parfois le vent
élève la poussière
et danse avec elle
dans la lumière
je suis allée là
j'y retournerai
j'ai cru ne jamais y revenir
mais je le sais
à présent

j'y suis









"Les origines de ma poésie, qui est le seul sens de mes journées absurdes et très ordonnées, sont très profondes, mais elle s’en est coupée depuis un bout de temps ; les connaître me les a arrachées. Je suis entré dans un monde sauvage, sans plus aucune formule ; je suis, à l’intérieur de moi-même, dans une solitude atroce, inhumaine, et de plus en plus je m’enferme dans ce désert, d’où, en me tournant, je revois le monde rendu à son objectivité originelle et redoutable."
Pier Paolo Pasolini
http://www.deslettres.fr


samedi 18 février 2017

Werewolf

















Andalouise




Je n'arrive pas à l'écrire autrement
Fragrance d'albizias sur les places après la pluie
Les orangers enragés bien rangés
(leurs oranges on ne peut pas les manger)
Claquement des sabots traçant le sillage des calèches
Patios ordinaires où chacun tient un verre 
Sandales cherchant leur chemin entre les flaques de lumière
Andalouise ...dans mon cœur emmenée là bas













Et revenue au point de départ
J'ai compris
Je n'étais en vérité jamais partie
























mercredi 8 février 2017

sea song


















Avertissement







Nous ne le savons pas encore mais 
nous ne nous reverrons plus
Je ne croiserai plus son regard
Il ne cherchera plus mon profil à la dérobée
Nous ne l'avons pas décidé mais
nous plongeons dans ce grand tourbillon
dans cette tombe amoureuse
ce vagin abyssal
où plongent les tigres et les rhinocéros
ce grand trou noir d'où naissent les étoiles
cet infini tube à essai de la vie et de la mort
liées en un seul fil sur le même collier
Il ne le sait pas encore
Je ne le sais pas non plus 















Honte





Le reportage de Mireille Darc qui date de 2015 
est bien sûr et dramatiquement encore toujours 
d'actualité 







vendredi 3 février 2017

Erreur foetale







avec un fil de fer arraché du ventre
l'amour s'est coincé dans la bonde du lavabo
il avait le cœur trop gros








jeudi 26 janvier 2017

impuissante






j'aimerais moi aussi aller à la quatorzième minute
inlassablement te voir apparaître au bout de cette rue
une petite fille à la main
te voir pour la première fois de la tête aux pieds
entendre la voix de ton répondeur sortir de ta bouche
ta bouche dont je connais le miel 
et tout entièrement absorbée par
le tremblement de ta présence et sa fragilité d'abeille
y boire le thé dans un puits de lumière
là où nous nous sommes trouvés éperdus
enfin je l'ai cru
dans le creux de nos vies
et puis revenir au début











dimanche 22 janvier 2017

tu ouvrirais ce carnet




Aller directement à la quatorzième minute puis si on a le temps, peut-être, revenir au début.








"Je suis toujours étonné de voir le peu de liberté que chacun s'autorise, cette manière de coller sa respiration à la vitre des conventions, et la buée que cela donne, l'empêchement de vivre, d'aimer." 


"Aimer quelqu'un, c'est le dépouiller de son âme, et c'est lui apprendre aussi -dans ce rapt- combien son âme est grande, inépuisable et claire. Nous souffrons tous de cela : de ne pas être assez volés. Nous souffrons de forces qui sont en nous et que personne ne sait piller, pour nous les faire découvrir."

"Pour qu'une chose soit vraie il faut qu'en plus d'être vraie elle entre dans notre vie."














samedi 21 janvier 2017

Etymologiquement tienne






Conjuguer ou subjuguer 
il faut bien choisir
;)



(Moi j'aime bien l'étymologie)





"je sais que tu es là
et c'est bien"









samedi 14 janvier 2017

Alors je me souviens
















"Faire les lits, et replacer à leur endroit deux petites couvertures à motifs, encore tièdes de la nuit; voilà de quoi s'est tissé le Très-Haut ce matin, une joie délicate et discrète à faire ce qui est à faire, à être avec ce qui est. C'est peut-être peu, mais suffisamment silencieux pour entendre le chant d'un oiseau."

http://www.annegaelle.ch/



jeudi 5 janvier 2017

ou






jusqu'où me croiras-tu ?
accroupie dans mon corps
vulnérable et puissante
je ne sais pas j'attends que ton rêve pollue le mien
qu'il vienne qu'il entre qu'il prenne sa place
irréductible clandestin insoumis lyrique fracassé
ma langue contre ta solitude
mélancolique ouverture
que tu ne voudras jamais

quand tu poses ta main là
est-ce sur mon cœur ou est-ce sur mon sein  ?




Jenny Saville