mercredi 27 février 2019

mardi 26 février 2019

si tu tombes dans un ravin je tombe dans un ravin



"ce n'est pas de l'asservissement, c'est du souci de l'autre"
Alain Françon


MERCI


https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/tchekhov-le-reve-ou-la-vie-24-ivanov-ma-terre-me-regarde-comme-une-orpheline










Ivanov est un peu comme tous les personnages de Tchekhov. Ce sont des personnages qui n’ont pas de centre. On connait d’eux seulement des détails. Par exemple du passé d’Ivanov on sait qu’il a essayé des choses, qu’il a lutté contre des tabous, qu’il a travaillé. C’est d’ailleurs très beau lorsqu’il dit lors d’un monologue : « Ma terre me regarde comme une orpheline ». Cela dit d’une manière très pragmatique qu’il travaillait cette terre. On sait donc quelques éléments sur ces personnages mais ils n’ont pas de centre. Et finalement, toute la dramaturgie de Tchekhov n’est jamais centrée et c’est en ça que c’est génial : il est toujours à la périphérie. On va toujours de l’autre côté avec Tchekhov et je pense que c’est plus démocratique la périphérie… Alain Françon



Je crois qu’Ivanov avait une vision du monde, vraiment. Et cette vision du monde s’est cassée. Je trouve d’ailleurs très belle l’utilisation de la métaphore de ce paysan qui pour faire la malin se met deux sacs sur le dos et se « casse ». Françoise Morvan et André Markowicz ont choisi de traduire par le mot « casser » et c’est exactement ça : c’est cassé, il n’y a plus de vision du monde. Par exemple, la vision du monde de Borkine est présentée au deuxième acte lorsqu’il est dit « C’est l’âme de la société qui arrive ». Parce que Borkine a amené des feux d’artifices, qu’il est drôle etc. Et si l’âme de la société c’est Borkine, alors il est compréhensible qu’Ivanov ait perdu sa vision du monde. Ce qui est très émouvant chez Tchekhov, c’est qu’il y a toujours un personnage qui dit : « Peut-être que ce n’est pas pour nous, mais que nos enfants, nos petits-enfants, eux, comprendront ». C’est comme si Tchekhov savait qu’on pouvait avancer mais petits pas par petits pas, que ça prendra du temps. Alain Françon






vendredi 22 février 2019

Si peu












De pouvoir connaître si peu
D'avoir tenu si peu
D'avoir encore tant à voir
D'aller par là sans rien savoir

Cette aventure
Cette bouffée d'air pur
Cette course sans sac
Cette claque







Antonio Mora (merci)













mardi 19 février 2019

Ça






Nous
 cette plénitude
 cette infinie solitude reliée enfin
puis ça
ce vide
abyssal













Dürer






Vers la forêt





totalement nu
dans sa toute première innocence
tout simplement
dans toute sa force 
je l'ai vu
un million de fois
sans jamais le voir
tel qu'il est




Munch



mardi 12 février 2019

Ecureuil





L'absence a cheminé avec moi et en moi
Je l'ai laissée s'installer confortablement
Je lui ai lu des passages du livre
Nous avons partagé un thé (ou plusieurs)
Il y avait des fleurs partout sur la table
Elle est venue avec moi sur le sentier
Vers le chêne
Nous avons traversé le gué
Et vu l'écureuil
J'ai dit l'écureuil, pas l'écueil
Et elle a ri
C'est ainsi que nous avons avancé
Et les jours clairs ont succédé aux jours gris
L'absence ne fait pas de tri






Alexander ZYBIN








Rumi



« … La brise à l’aube a des secrets à vous révéler
Ne vous rendormez pas
Vous devez réclamer ce que vous voulez vraiment
Ne vous rendormez pas
Les gens font des allers-retours à travers le seuil
où les deux mondes se rencontrent
La porte est ronde et ouverte
Ne vous rendormez pas… »
– Rumi





samedi 2 février 2019

A vif










si je veux savoir si tu es encore vivant
je regarde sur ta page facebook
autrefois j'aurais décroché mon téléphone
j'aurais entendu ta voix
elle aurait vibré dans mon oreille
mon corps aurait reçu ton corps
mais nous voici décharnés 
décérébrés
et tu le sais
il est préférable de faire cette opération
à vif







Stéphanie  Chardon


















vendredi 1 février 2019

je n'aime pas l'hiver








je n'aime pas l'hiver
en hiver il faut parfois longtemps
creuser la terre
devenue froide et dure
pour trouver un bout de racine
je n'aime pas l'hiver qui ne dit pas son nom
qui imite le printemps
avec des fleurs qui s'ouvrent
et se font avoir
je n'aime pas l'hiver 
sans feu qui embaume
l'hiver à guetter la neige
comme en Afrique on attend la pluie
je n'aime pas l'hiver pour les bêtes 
et les hommes qui ont faim
et froid et seuls
je n'aime pas l'hiver
qui attend attend attend
regrette l'été