jeudi 18 décembre 2014

Aperture





Il existe des gens
qui sont tellement ouverts
que la lumière les traverse 
comme une balle de revolver












Chaillou aquarelle

jeudi 11 décembre 2014

49






Que les pensées se bousculent
Que les lacets fassent des nœuds
Que les doigts s'entortillent jusqu'à
En oublier la présence des yeux
j'ai cru
que tu
me
reconnaîtrais
Quelques heures et des broutilles
De discours effacés et d'autres
Réécris
je veux
j'ai besoin
c'est tout entrelacé
Que les mains se tirent enfin
Que les vers leur fassent place
Qu'ils se voient
Comme
le nez
au milieu
de la figure isocèle
Que tu sois simple, que je sois simple
Pas comme le passé, mais comme le futur
que tu
que je
que nous
sachions
ne plus nous cacher
dans l'enfer de l'absence 
Que se fasse ce face à face














vendredi 5 décembre 2014

Arpèges








Écharpe autour de son cou,
 évite lui les rhumes
Gants gainant ses belles longues mains,
 chassez toute gerçure
Manteau de laine
 entoure son corps de tiédeur
Couvrez le
 c'est l'hiver








jeudi 4 décembre 2014

Léon


Novembre 1910 : L'écrivain russe Léon Tolstoï est retrouvé mort à Astapovo dans une gare de campagne.
Plongé dans une profonde crise spirituelle, Tolstoï avait renoncé à sa vie matérielle en quittant sa famille et sa maison de Poliana le 10 novembre.
Il avait l'intention de rejoindre le Caucase en train. Mais la maladie l'empêcha d'atteindre le but de son voyage. (L'internaute)

Sept jours avant sa mort, lui qui aimait tant sa maison, son confort, il était parti,  sans argent et sans papiers.


A l'agonie il envoie un télégramme à son épouse qui a permis de l'identifier.









A lire : http://www.pozner.fr/vladimirpozner-tolstoi.html

...pas encore lu...envie








mercredi 3 décembre 2014

Du bonheur d'écrire





Oui, écrire est un baume. C'est merveilleux de pouvoir écrire, on ne pourra jamais assez le dire , le crier, le peindre, l'extasier, l'émulsionner... j'écris, je suis moi et tous les autres, je suis tous les autres en moi, tous les émois. Et enfin tout est permis j'ai envie d'être un papillon posé sur ta main , j'ai fait l'amour avec tous les êtres vivants du monde, je suis aveugle et je te vois, je suis en toi je respire dans ta peau, je jouis dans ton sexe vivant, je suis homme, femme, enfant, enfin enfin .. je redeviens qui je suis, totalité, paquet, packaging, essai, remue méninges et perlimpinpin, je veux vivre ça, chaque mot, chaque dent plantée au creux de la chair, chaque acidité , chaque remugle, toute beauté mélangée en ce monde et dans tous les autres, les insoupçonnés, les hauteurs vénérables, je n'ai rien fumé non, j’écris..quel bonheur, d'écrire l'indescriptible, la fumée, l’impalpable lien, celui qui tisse les mots en nous, de cette langue immémoriale , transcendante et parfaite...souffle inextinguible tissant de ce qui existe à ce qui n'existe pas où tout existe, comme là, quand les yeux plongent dans l'infinie éternité de l'amour et se perdent... j'ai perdu mes yeux, mes mains, j'ai tout perdu, j'écris, je suis partout, je peux surgir de nulle part, mes mots se perdront dans la vastitude du vide abyssal de nos vies d'os, à quoi bon écrire? à quoi bon ? à quoi ? à ? ah ? ah oui ... le bonheur...  










Amarres





J'ai décidé d'écrire tout ce à quoi je pensais pendant cinq minutes, c'est difficile parce que c'est le matin et que le matin c'est là que je pense le plus vite alors il y a forcément des choses pour lesquelles je n'aurai pas le temps d'écrire, ce matin je savais très bien de quoi j'avais envie mais je ne l'ai pas fait parce que , comme à chaque fois que je me demande ce que j'ai envie de faire c'est trop dur, ça mobilise des énergies folles et dès que j'entrevois les conséquences possibles ça m'effraie tant que je recule et que je passe à autre chose, si je devais trouver une image qui correspond à comment je me sens là , je dirais comme un bateau arrimé dans un port sans amarre , et qui serait projeté sur le pont d’amarrage par chaque vague et chaque coup de vent, en même temps que je dis ça, j'ai une image dans la tête, c'est la sensation et je ne pourrais pas la décrire précisément, c'est comme avoir une musique mais on ne sait plus d'où elle vient, je ferme les yeux une seconde et je sens que j'ai oublié de mettre mon parfum, je ne me maquille jamais mais j'adore me parfumer, peut-être parce que ma mère, qui ne me prenait pas souvent dans ses bras, sentait bon, alors quand elle était à côté de moi, je la respirais, quand j'ai des réminiscences comme celle là je me dis qu'il faudrait quand même aller voir un psy mais comme depuis des années je m'en passe je me dis que ça peut encore attendre, en plus ma meilleure amie est psy, ce n'est pas du tout la même chose je le sais, et elle, au moins, quand ça ne va pas, elle a le courage de cette démarche, d'aller chercher les réponses dans quelqu'un d'autre, moi je me fouaille, silence, j'ai corrigé mes fautes de frappe, quand j'ai commencé cet exercice j'ai immédiatement pensé à tout ce que j'ai mis des années pour dire, dix ans de silence presque total, ado, je ne supportais pas que des inconnus m'effleurent, une simple main posée sur mon bras pouvait me faire sursauter, certains vêtements m'étaient insupportables, je pense à tout ce que je n'ai pas fait, c'est trop long pour tout dire, là j'attends le plombier et mon chien profite de mon absence pour faire des conneries, je voudrais ranger la maison, je voudrais tout ranger, je voudrais me ranger, trouver un compartiment dans lequel j'entrerais.




http://earth.nullschool.net/

merci F

"Devenir ce que nous sommes n’est pas la formule de la facilité mais le chiffre secret d’une conquête. Car il ne s’agit pas de subir ce que nous sommes ni de nous en accommoder mais de le vouloir avec ferveur. Entre toutes les incarnations, choisir la nôtre. Nous désirer où nous sommes et qui nous sommes, à l’instant où nous le sommes. Alors, la formule qui devant nos yeux a changé le cours du Gange transformera les périlleux sentiers de nos maturités en voies royales."

Les âges de la vie - Christiane Singer











vendredi 21 novembre 2014

Peau de nu







Enserrer ta poitrine
Toucher ta peau de nu
Glisser un baiser entre tes épaules
Serrer si fort ta main fragile
Ne pas laisser échapper l'oiseau tenu dedans
Lui offrir le fruit
Et sa calligraphie de gouttes
Te laver et entendre ta voix dire
La vie
Le bonheur
Le lien
Le prix
D'aimer








Il manque quelque chose






















jeudi 20 novembre 2014

impossible étreinte






je voudrais te regarder dormir
je voudrais l'impossible loutre
je voudrais étreindre la vie avec toi
ce soir je sens le moment qui passe
comme un rai de lumière sous la porte
quand la surveillante faisait sa ronde dans le couloir
et qu'on n'avait plus le droit d'aller regarder
l'océan









Photo Vincent Descotils
merci





















vendredi 7 novembre 2014

vaciller





et au moment de tourner la tête vers ailleurs 
que celui qui n'a jamais trébuché lui jette la première pierre
que celle qui n'a jamais tremblé porte le premier coup
que celui qui n'a jamais songé à lever le camp sorte
que celle qui n'est jamais devenue une autre l'évite à jamais
qu'ils se taisent tous et qu'on en finisse
et au moment de lâcher toutes les mains aimées
d'un sourire raffermir tous les liens
d'un mot rassurer

car lorsqu'il il faut partir
laissez la vaciller



















dimanche 2 novembre 2014

Eveil







Parce que le ciel s'est révélé d'un commun accord
Accord avec la terre dorée d'un champ moissonné
Parce que les acacias chantonnaient comme toi parfois
Parfois tremblant de portées dans ta voix légère et
Parce qu'heureux en ces moments doux là
Là dans les plis du cou murmurant encore
Un baiser
Dans l'espace
Creusé par les rides
De l'attente et
Dans la gravité soudaine
De l'éveil du fruit posé 
Là je t'ai demandé
As-tu perdu la mémoire ?

Moi oui












Sculpture de Sybille Piretti







samedi 25 octobre 2014

Mon cœur est une forêt













Mon cœur est une forêt
Où des biches dorment sur les eaux sombres des lacs
Où des renards tracent des sillons de sang et de feu dans les étoiles
Où l'intime rencontre l'estime 
Les silences sombres des brames
Des musiques tendues de cordes vocales
Et des bras partout autour des charmes
Des papillons plus que centenaires 
Frondent le sucre bienfaisant des fleurs
Dans les trous les noisettes des écureuils 
Ont remplacé la poussière
L'eau des sources démarre ici,
Et ici se tarit.

Vois tu : je n'ai plus peur
Je regarde danser la vie
Mon cœur est une forêt




















jeudi 16 octobre 2014

Tu ne sais pas







Tu ne sais rien
Il est tard je rentre enfin
Je n'ai pas voulu te réveiller pour te dire
Tu ne sais rien
Il n'y a plus de lune dans le jardin d'hiver
Les chemins se referment sur la nuit
Les bêtes reprennent la vie en main et déferlent
Tonitruantes
Tu ne sais rien
Je passe la main sur ton dos très lentement
Tu es chaud et doux et bon
Ton rire s'est fermé dans tes yeux agrandis
Tes lunettes sont posées par terre
Je ne te dirai pas d'où je viens
Il est trop tard ou trop tôt
Les jours ont été si bleu si gris et à présent
A présent ils sont roux
Tu ne sais pas
Je reviens de là d'où peu reviennent
Je reviens du jardin
Comment expliquer l'inexplicable ?
Le froid du rêve qui vous éveille et vous perce
Trace en vous un sillon de feu puis de glace
Comment dire ?
Mon cœur s'est effondré comme un iceberg dans l'océan des absences
Ma peau a glissé comme un emballage putride
Tu ne peux pas savoir
J'ai cherché comment revenir vers le départ
Comment partir sans te manquer
Tu n'as pas su
J'ai vu ce que je ne devais voir sous aucun prétexte
J'ai entrouvert les portes interdites
Celles qui basculent
Je me suis tenue en équilibre sur le néant des possibles
Je ne savais pas

Il est tard je rentre enfin
Tu ne sauras rien.









samedi 4 octobre 2014

D'où venais-tu ? / From where did you come ?










D'où venais-tu ?
La vie s'était couchée à tes pieds comme la nuit
En passant près de toi, la nature se réchauffait
Ceux qui erraient à travers le ciel te saluaient
D'où venais-tu ?
Il suffisait de croiser ton regard et on souriait
Entendre ta voix nourrissait
La caresse  de tes doigts balsamique
guérissait
D'où venais-tu ?
Etranger à la langue si douce
A la peau diaphane
Au corps transparent
dans lequel je posais ma tête...





From where did you come ?
Life was lying at your feet as the night
In passing near you, nature  had been warmed
Those who roamed across the sky were saluting you
From where did you come ?
Crossing your eyes was sufficient to smile
Hear your voice was feeding
The caress of your healing fingers 
 like a balm
From where did you come ?
So sweet  foreigner's language
With diaphanous skin
With transparent body

In wich I lay my head ...