dimanche 24 novembre 2019

Pour que tu soies là






je regarde mes doigts étonnée
ils ont pourtant longé tes joues
ils ont affronté la douceur de tes lèvres
en eux se dépose la mémoire de toi
et parfois ils ferment mes paupières
pour que tu soies là














vendredi 15 novembre 2019

Conrad Michel




Écrire, ce n’est pas seulement se consacrer à une forme littéraire particulière, – comme on exhiberait une tenue vestimentaire, lors d’une revue de mode, c’est accomplir, en secret, invisiblement, à l’insu de tous, un formidable travail d’écoute de soi-même, de cet océan intérieur aux mille tempêtes, c’est tenter de reconstruire le monde selon son cœur, d’effectuer un travail d’orpailleur sur les mots, sur le langage, c’est aussi, et avant toute chose, une façon de vivre, une façon d’être dans l’attente éperdue de l’amour, c’est jeter sur le monde un regard qui attend, à chaque seconde, une sorte de miracle, c’est avancer dans la vie en essayant de susciter cette différence infime, mais décisive, qui sépare le monde prosaïque du poème, car, dans ces creusets alchimiques, ces forges de Vulcain où sommeille et se réveille, sans cesse, le feu, le poème n’existe que pour arracher une parcelle scintillante de rêve et la porter à la lumière, aux yeux de tous, sans avoir le souci obstiné de la perfection formelle, car le diamant brut trouvera toujours les regards sensibles auxquels il est, de toute éternité, destiné.




Et puis il cite Rimbaud :
"J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse." 

mardi 12 novembre 2019

Porte








Cette porte
J'aime qu'elle soit ouverte
Au soleil
Au vent ou à la pluie au froid même
Aux bruits ou au silence
Que les pas y parviennent
Un par un
Ou groupés en désordre
De jour comme de nuit
Cette porte bat au vent d'Autan
Au sirocco ou pour un simple courant d'air
Elle ne claque jamais
Ne grince pas
Elle attend toujours prête
Toute droite
Si tu pars
Tu l'emportes.















dimanche 10 novembre 2019

Me retenir




ne plus être lue, ne plus être vue
ne plus être regardée
ne plus pouvoir me mouvoir ni respirer comme avant
revenir au plus secret de moi
ce qui ne se dit pas ne se montre pas
revenir au plus tendre
au plus doux de moi-même
revenir au cœur
au centre
revenir là 
et me retenir


















Ne sommes-nous pas amis ?






parce que nous avons été amants
ne sommes-nous pas amis ?
parce que je connais ton sexe et que tu connais le mien
ne sommes-nous pas amis ?
parce que tu as emprunté le chemin qui mène au plus secret de moi
ne sommes-nous pas amis ?
parce que nous nous sommes ouverts nos portes
ne sommes-nous pas amis ?
parce que nos silences se sont fondus
ne sommes-nous pas amis ?
se sont fondus comme de l'or
comme de l'eau qui dort
ne sommes-nous pas amis ?






Sergio Helle (merci)














samedi 2 novembre 2019

Elle va où ?







petite momie (mummy)
petites entrailles (entre aïe)
alors je me disais tout à l'heure
qu'on ne s'éteint plus comme des bougies
mais qu'on claque comme des ampoules
et l'eau de la neige qui ne tombe plus
elle va où ? hein ?





JCS (merci)