mardi 15 décembre 2020

JOZSEF Attila

 

Là sur mon front

pose ta main

comme si ta main

était ma main.

 

Serre-moi fort

comme à la mort

comme si ma vie

était ta vie.

 

Et aime-moi

comme à bonheur

comme si mon cœur

était ton cœur.

 

Attila Jozsef - Mai/juin 1928 - traduit du hongrois par Francis Combes

Disproportions

 16 novembre 2012 VDI



Et je m'en fous bien si ses ailes sont trop grandes

S'il monte si haut que le vertige me prend

Que nos jambes nous trahissent et s'emmêlent sans qu'on n'y prenne garde

Alors que tout le monde nous regarde

Je m'en fous bien que son monde soit si beau

Que pour le décrire je ne trouve pas de mots

S'il n'y en a aucun il me donnera la main où s'accroche parfois le carnet bleu

S'y nichera une fleur musicale

Un désert de verdure pâle

Dont je serai l'animale parure

 

répliques

8 décembre 2012 VDI




 Mes yeux se ferment même lorsqu'ils sont ouverts

mes yeux sont ouverts, même lorsqu'ils sont fermés

Les questions remontent à la surface comme des cadavres gonflés d'eau cherchant la lumière

Oubliant le repos

Comment savoir d'où l'on vient et où on va ?

Qui suis-je pour dire qui je suis ?

La vie nous secoue

J'ai voulu les larmes de joie plus fortes que le chagrin

On ne peut farder la pluie





Bataille Georges




 « Nous ne pouvons découvrir qu’en autrui comment dispose de nous l’exubérance légère des choses. A peine saisissons-nous la vanité de notre opposition que nous sommes emportés par le

mouvement ; il suffit que nous cessions de nous opposer, nous communiquons avec le monde illimité des rieurs. Mais nous communiquons sans angoisse, pleins de joie, imaginant ne pas donner prise
nous-mêmes au mouvement qui disposera pourtant de nous, quelque jour, avec une rigueur définitive.


« Sans nul doute, le rieur est lui-même risible et, dans le sens profond, plus que sa victime, mais il importe peu qu’une faible erreur – un glissement – déverse la joie au royaume du rire. Ce
qui rejette les hommes de leur isolement vide et les mêle aux mouvements illimités – par quoi ils communiquent entre eux, précipités avec bruit l’un vers l’autre comme les flots – ne pourrait
être que la mort si l’horreur de ce moi qui s’est replié sur lui-même était poussée à des conséquences logiques. La conscience d’une réalité extérieure – tumultueuse et déchirante – qui
naît dans les replis de la conscience de soi – demande à l’homme d’apercevoir la vanité de ces replis – de les « savoir » dans un pressentiment, déjà détruits – mais elle demande aussi qu’ils
durent. L’écume qu’elle est au sommet de la vague demande ce glissement incessant… »


Georges Bataille « L’expérience intérieure »