lundi 2 mars 2015

petite musique honteuse






C'est bien bien oui c'est bien dis-je
moi qui ne peux même pas, qui n'ai pas osé
moi qui ai endossé le manteau confortable
de celle qui de loin bien au chaud
moi qui n'avance plus qu'à petits pas comptés
sans trame et sans drame
moi qui ne suis même plus la dame
c'est bien oui c'est bien
la petite musique honteuse des lâches
des impuissants des indifférents des réfugiés de la vie
celle qui tambourine dans les pleurnicheries indécentes
des larmes sans sel des cris retenus en cage bling bling
de tant d'années passées à nager loin des requins
de tant de capacité d'éloignement de distance sécuritaire
c'est bien oui c'est bien
rendormons nous regagnons les univers parallèles
les écrans les décibels les émerveillements sur télécommande
rendors toi mon cœur,
rendors toi pour de bon






Photo Joanna Chrobak (merci Rechab ;)






4 commentaires:

  1. Terriblement sévère... D'une sévérité qui ne m'est pas étrangère... Pourtant, sans nous chercher d'excuses - parce qu'au fond, je commence un peu à me foutre d'en avoir ou pas - pourtant, il m'arrive de le voir comme le signe d'un être perdu dans son temps : pas le bon. Non qu'il aurait été mieux avant, ni qu'il le sera peut-être après, mais là, maintenant, tel qu'il est, ce temps et ce monde ne sont peut-être pas les nôtres. Sans question de valeur, à se dire qu'on vaudrait mieux, ou pas assez, mais parce que rien n'y répond à nos attentes, comme si nous étions à l'envers du sens en marche, déconnectés. C'est bizarre pour des blogueurs tu me diras...

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  2. Ton indulgence est un baume Bifane. Sévère tu l'es aussi tellement pour toi même, c'est vrai. Le temps ? le monde ? nos attentes ? Non, oui, ne pas se chercher d'excuses, à quoi bon ? J'ai l'impression que mon temps et le temps ne sont pas les mêmes en effet, même s'ils interfèrent parfois quand j'oublie ma fragilité ou le commun destin de chacun de nous, par exemple. "valoir mieux" ...que ce que nous sommes, encore faudrait-il croire qu'on a une quelconque "valeur"... presque tous les mots que tu emploies, cher Bifane, portent en eux mille questions...Plus j'avance en âge, plus je découvre des limites au "possible-bon", que je voudrais (dans mon orgueil ou mon innocence ) atteindre...mais dans ces limites je découvre aussi des trésors- comme des évidences- des choses qui apaisent les tortures intérieures que nous nous infligeons bien inutilement.
    Blogueurs nous sommes oui, mais c'est plutôt de soif de paroles humaines que de prouesses informatiques que nous nous nourrissons...il aurait fallu pouvoir passer des heures à nous rencontrer...inventer, comme ici, des points de rencontre, entre terre et ciel, où nos cœurs s'ouvriraient sans peur et se parleraient enfin. Un endroit pour se reconnaître, désincarnés.

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  3. Ah, cette musique, je la connais bien !
    Je pense à une idée lue sur un blog, j'en ai perdu l'origine, il ne me reste que cette idée qui m'avait étonnée et à laquelle je repense quelquefois. De mémoire : souffrir de la souffrance du monde est plus que stérile et inutile, cela ne fait que rajouter de la souffrance à la souffrance, donc si on souhaite qu'il y ait moins de souffrance, autant commencer par ne pas en souffrir...
    J'aime beaucoup ce que tu écris à la fin de ton commentaire ci-dessus, à propos des blogs, "un endroit pour se reconnaître, désincarnés".

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  4. Oui Kgire, ça me fait penser à "soyons heureux, ne serait-ce que pour montrer l'exemple" ... quoi qu'on fasse on est toujours tiraillés entre deux...être heureux oui, mais pas au prix de l'indifférence ...ou du déni.
    Désincarnés, c'est dans la même ligne..aussi une sorte de fuite "fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve "... fuir le danger du bonheur total et engageant, le bonheur remuant, celui qui est si instable qu'on bascule si vite de l'autre côté des choses...tout un blog n'y suffira pas ;)

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