mercredi 3 décembre 2014

Amarres





J'ai décidé d'écrire tout ce à quoi je pensais pendant cinq minutes, c'est difficile parce que c'est le matin et que le matin c'est là que je pense le plus vite alors il y a forcément des choses pour lesquelles je n'aurai pas le temps d'écrire, ce matin je savais très bien de quoi j'avais envie mais je ne l'ai pas fait parce que , comme à chaque fois que je me demande ce que j'ai envie de faire c'est trop dur, ça mobilise des énergies folles et dès que j'entrevois les conséquences possibles ça m'effraie tant que je recule et que je passe à autre chose, si je devais trouver une image qui correspond à comment je me sens là , je dirais comme un bateau arrimé dans un port sans amarre , et qui serait projeté sur le pont d’amarrage par chaque vague et chaque coup de vent, en même temps que je dis ça, j'ai une image dans la tête, c'est la sensation et je ne pourrais pas la décrire précisément, c'est comme avoir une musique mais on ne sait plus d'où elle vient, je ferme les yeux une seconde et je sens que j'ai oublié de mettre mon parfum, je ne me maquille jamais mais j'adore me parfumer, peut-être parce que ma mère, qui ne me prenait pas souvent dans ses bras, sentait bon, alors quand elle était à côté de moi, je la respirais, quand j'ai des réminiscences comme celle là je me dis qu'il faudrait quand même aller voir un psy mais comme depuis des années je m'en passe je me dis que ça peut encore attendre, en plus ma meilleure amie est psy, ce n'est pas du tout la même chose je le sais, et elle, au moins, quand ça ne va pas, elle a le courage de cette démarche, d'aller chercher les réponses dans quelqu'un d'autre, moi je me fouaille, silence, j'ai corrigé mes fautes de frappe, quand j'ai commencé cet exercice j'ai immédiatement pensé à tout ce que j'ai mis des années pour dire, dix ans de silence presque total, ado, je ne supportais pas que des inconnus m'effleurent, une simple main posée sur mon bras pouvait me faire sursauter, certains vêtements m'étaient insupportables, je pense à tout ce que je n'ai pas fait, c'est trop long pour tout dire, là j'attends le plombier et mon chien profite de mon absence pour faire des conneries, je voudrais ranger la maison, je voudrais tout ranger, je voudrais me ranger, trouver un compartiment dans lequel j'entrerais.




http://earth.nullschool.net/

merci F

"Devenir ce que nous sommes n’est pas la formule de la facilité mais le chiffre secret d’une conquête. Car il ne s’agit pas de subir ce que nous sommes ni de nous en accommoder mais de le vouloir avec ferveur. Entre toutes les incarnations, choisir la nôtre. Nous désirer où nous sommes et qui nous sommes, à l’instant où nous le sommes. Alors, la formule qui devant nos yeux a changé le cours du Gange transformera les périlleux sentiers de nos maturités en voies royales."

Les âges de la vie - Christiane Singer











2 commentaires:

  1. Bonjour.
    Je sais de quoi vous parlez dans votre texte. Je ressens souvent ce que vous décrivez. Vous comparez votre vie à un bateau sans amarre, moi c'est l'idée du radeau perdu en pleine mer qui me vient souvent. Un radeau emporté par le vent qui ne sait pas d'où il vient, ni où il va.
    Je crois qu'il faut vivre avec et peut-être que sans cela, nous pourrions pas écrire.
    Sinon, j'aime lire votre blog que j'ai mis en lien sur le mien.
    Bien cordialement.
    JF

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  2. merci Jean François, oui, nous sommes nombreux à chercher qui nous sommes, à chercher des liens, des similitudes, des accroches. L'écriture nous retient, tout juste.

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