Comme c'est facile de renvoyer l'autre à sa propre prise en charge. Comme c'est tentant, lorsqu'on éprouve aucune empathie pour cette personne, comme c'est tentant de le renvoyer à sa propre nécessité de se prendre en charge, de s'assumer.
Comme c'est humain de venir réclamer un peu d'attention quand tout semble s'écrouler autour de nous et en nous, lorsque nos frêles forteresses intérieures se fragilisent et se fissurent, comme nous avons besoin d'une oreille attentive et bienveillante, d'un sourire, d'une main posée tendrement sur notre épaule, d'un cœur ouvert.
Comme c'est violent de ne rien recevoir, de se heurter à une autre muraille, qui, quoique fissurée, elle aussi, se dresse soudain dans toute son impassible froideur.
Comme c'est troublant de réaliser à cet instant, lorsque nos doigts saignent d'avoir trop gratté la porte, comme c'est déroutant alors de réaliser que nous aussi nous avons, à un moment, avec une personne, ou tant d'autres, que nous aussi nous avons laissé l'autre gratter à la porte jusqu'à s'en faire saigner la peau.
Comme c'est affligeant de n'être que soi, que cette imperfection, que ce tissu de manque, comme c'est affligeant d'en prendre, une fois encore la mesure.
Donneuse de leçons, je l'ai souvent été. Et nous le sommes tous, un jour ou l'autre, lorsque nous fermons nos portes à la douleur de l'autre. Lorsque nous préférons asséner une vérité crue alors que ce n'est pas le moment. Donneurs de leçons, tous pires l'un que l'autre, tous, à côté du coeur. Tous en fuite.
Donneurs de rien.
"Faiseurs de signes, rien de plus" Rainer Maria Rilke
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