Ça y est, tu as poussé la dernière porte
Tu le vois enfin ce long couloir
La lumière au bout
T'éblouit
Puis,
La lumière s'éteint.
Maintenant, Christian, tu sais.
Ça y est, tu as poussé la dernière porte
Tu le vois enfin ce long couloir
La lumière au bout
T'éblouit
Puis,
La lumière s'éteint.
Maintenant, Christian, tu sais.
C'est beau parce que quand tu écris je suis dans tes yeux fermés, dans tes doigts posés, parce que moi aussi un court instant je m'aveugle, parce que cette neige je l'ai foulée, ce sable j'y ai enfoncé mes pas, ce coquillage je l'ai ramassé, je l'ai posé, je l'ai gardé pour le regarder. C'est beau de penser avec toi, à ce trajet de la pensée, ces véhicules dont nous sommes dotés, qui la portent à travers nous.
C'est beau d'avoir embrassé tes yeux fermés.
Il existe des personnes qui se rencontrent encore
Leurs fronts se posent l'un contre l'autre
Délicatement comme l'ont fait jadis les nôtres
Comment fais-tu pour m'habiter si fort ?
Il y a des pays où il neige encore
Des boites contiendront les cendres qui remplaceront nos corps
Les lettres sont faites pour être relues encore et encore
Les relis tu toi?
Elles ne fredonnent pourtant qu'une seule note
là, là, là ...
Je réfléchissais en écoutant "l'ivresse des hauteurs" d'Arthur H à ce qui rapproche et à ce qui éloigne les êtres, et plus particulièrement un homme d'une femme, ou une femme d'un homme. Je rêvais à l'attrait de la différence, à l'appréhension et à l'attirance. Je rêvais au poids de la main d'un autre posée sur moi, au poids de ma main sur lui, à la disparition de toute frontière, à la découverte d'un "nous". Je rêvais à la chaleur qui passe d'une main à un front d'où les rides se gomment un instant comme le sable sous l'eau de la mer. D'un sourire à un autre, je rêvais, je me souvenais aussi. J'essayais d'éloigner de moi les mots qui mettent de la distance entre deux personnes, les divergences de point de vue, d'opinion, les malentendus, les mal-dits.
Je me souviens d'avoir senti en moi l'expérience de toutes les femmes avant moi, toutes les femmes de ma lignée, les femmes fantasmées et aussi celle que je rêvais d'être quand j'étais petite. Finalement c'était une toute petite part de ce que je porte à présent. C'était une toute petite fille, une toute petite femme/fille. Avec un rêve très grand, très lourd, comme un parfum.
Je porte à mon tour des filles, des petites filles, dans mon cœur, mes toutes petites filles et leur grand désir de vivre, et leur grande joie si précieuse, ces joies qui nous traversent pour traverser le temps, traverser la vie, mes filles/femmes aux visages et aux corps que le temps transforme et que la vie emporte dans ses bras. A leur tour elles posent leurs mains sur des ventres chauds, des baisers sur des genoux écorchés, sur des lèvres tremblantes.
Ces pensées me rapprochent et m'éloignent de celles et de ceux que j'aime, que j'ai aimés, que j'aimerais, qui m'aimaient, m'aiment, ou m'aimeront, car l'amour est comme une vague qui va et vient sans jamais s'arrêter…
Pour toi j'ai ramassé des écorces de cèdre
Rouges et striées profondément
Arrachées abandonnées
Le livre en soi
Entre
je flotte dans un monde qui sombre
je sombre dans un monde qui flotte
à quoi bon flotter si tout est sombre ?
Suis-je sotte ?
Flûte !
*
Ne te retourne pas
Je suis juste derrière
Tu me ferais trembler trop fort
Et je pourrais tomber
C'est dans l'entrelac des choses que se situe la vérité
En acceptant de marcher seul sur une ligne invisible
Propulsé par un courant inaccessible
Jusqu'à l'épure finale
Au delà des mystères du sommeil
Je me suis nourrie de ton angoisse
Comme on colle sa bouche sur une morsure de serpent
Pourtant je ne me suis pas sauvée
Nourrie de ce venin jamais je n'étais repue
Le poison courrait dans mes veines
Et j'ai écrit avec cette encre qui jamais ne sèche
J'ai cru mieux respirer à travers tes baisers
De cet amour en apnée rien ne venait
Et dans notre jardin mal irrigué
Sur des cadavres poussaient des fleurs nouvelles
Chétives trop tôt semées
Elles aussi, condamnées
La mémoire est un jardin
les fleurs repoussent sur des cadavres de fleurs