dimanche 27 novembre 2022

Christian



Ça y est, tu as poussé la dernière porte

Tu le vois enfin ce long couloir 

La lumière au bout 

T'éblouit

Puis, 

La lumière s'éteint.


Maintenant, Christian, tu sais.






dimanche 30 octobre 2022

Embrasser tes yeux fermés



 C'est beau parce que quand tu écris je suis dans tes yeux fermés, dans tes doigts posés, parce que moi aussi un court instant je m'aveugle, parce que cette neige je l'ai foulée, ce sable j'y ai enfoncé mes pas, ce coquillage je l'ai ramassé, je l'ai posé, je l'ai gardé pour le regarder. C'est beau de penser avec toi, à ce trajet de la pensée, ces véhicules dont nous sommes dotés, qui la portent à travers nous.

C'est beau d'avoir embrassé tes yeux fermés.




dimanche 16 octobre 2022

Notes dans la neige


Il existe des personnes qui se rencontrent encore

Leurs fronts se posent l'un contre l'autre

Délicatement comme l'ont fait jadis les nôtres

Comment fais-tu pour m'habiter si fort ?


Il y a des pays où il neige encore

Des boites contiendront les cendres qui remplaceront nos corps

Les lettres sont faites pour être relues encore et encore

Les relis tu toi?

Elles ne fredonnent pourtant qu'une seule note

là, là, là ...




*









dimanche 19 juin 2022

Fille de femme mère de filles



 Je réfléchissais en écoutant "l'ivresse des hauteurs" d'Arthur H à ce qui rapproche et à ce qui éloigne les êtres, et plus particulièrement un homme d'une femme, ou une femme d'un homme. Je rêvais à l'attrait de la différence, à l'appréhension et à l'attirance. Je rêvais au poids de la main d'un autre posée sur moi, au poids de ma main sur lui, à la disparition de toute frontière, à la découverte d'un "nous". Je rêvais à la chaleur qui passe d'une main à un front d'où les rides se gomment un instant comme le sable sous l'eau de la mer. D'un sourire à un autre, je rêvais, je me souvenais aussi. J'essayais d'éloigner de moi les mots qui mettent de la distance entre deux personnes, les divergences de point de vue, d'opinion, les malentendus, les mal-dits. 

Je me souviens d'avoir senti en moi l'expérience de toutes les femmes avant moi, toutes les femmes de ma lignée, les femmes fantasmées et aussi celle que je rêvais d'être quand j'étais petite. Finalement c'était une toute petite part de ce que je porte à présent. C'était une toute petite fille, une toute petite femme/fille. Avec un rêve très grand, très lourd, comme un parfum. 

Je porte à mon tour des filles, des petites filles, dans mon cœur, mes toutes petites filles et leur grand désir de vivre, et leur grande joie si précieuse, ces joies qui nous traversent pour traverser le temps, traverser la vie, mes filles/femmes aux visages et aux corps que le temps transforme et que la vie emporte dans ses bras. A leur tour elles posent leurs mains sur des ventres chauds, des baisers sur des genoux écorchés, sur des lèvres tremblantes. 

Ces pensées me rapprochent et m'éloignent de celles et de ceux que j'aime, que j'ai aimés, que j'aimerais, qui m'aimaient, m'aiment, ou m'aimeront, car l'amour est comme une vague qui va et vient sans jamais s'arrêter…













samedi 7 mai 2022

Ecorcé

 


Pour toi j'ai ramassé des écorces de cèdre

Rouges et striées profondément

Arrachées abandonnées 

Le livre en soi

Entre




vendredi 11 mars 2022

Flûte

 

 

 

 je flotte dans un monde qui sombre

je sombre dans un monde qui flotte

à quoi bon flotter si tout est sombre ? 

Suis-je sotte ?

Flûte !



*

 


 







vendredi 11 février 2022

Eurydice




Ne te retourne pas

Je suis juste derrière

Tu me ferais trembler trop fort

Et je pourrais tomber



Corot 1861 Orphée ramenant Eurydice des enfers
 












 




samedi 22 janvier 2022

Canalisations



C'est dans l'entrelac des choses que se situe la vérité

En acceptant de marcher seul sur une ligne invisible

Propulsé par un courant inaccessible

Jusqu'à l'épure finale

Au delà des mystères du sommeil





vendredi 21 janvier 2022

Illusions perdues



Je me suis nourrie de ton angoisse

Comme on colle sa bouche sur une morsure de serpent

Pourtant je ne me suis pas sauvée

Nourrie de ce venin jamais je n'étais repue

Le poison courrait dans mes veines

Et j'ai écrit avec cette encre qui jamais ne sèche

J'ai cru mieux respirer à travers tes baisers

De cet amour en apnée rien ne venait

Et dans notre jardin mal irrigué

Sur des cadavres poussaient des fleurs nouvelles

Chétives trop tôt semées

Elles aussi, condamnées


La mémoire est un jardin

les fleurs repoussent sur des cadavres de fleurs