dimanche 19 juin 2022

Fille de femme mère de filles



 Je réfléchissais en écoutant "l'ivresse des hauteurs" d'Arthur H à ce qui rapproche et à ce qui éloigne les êtres, et plus particulièrement un homme d'une femme, ou une femme d'un homme. Je rêvais à l'attrait de la différence, à l'appréhension et à l'attirance. Je rêvais au poids de la main d'un autre posée sur moi, au poids de ma main sur lui, à la disparition de toute frontière, à la découverte d'un "nous". Je rêvais à la chaleur qui passe d'une main à un front d'où les rides se gomment un instant comme le sable sous l'eau de la mer. D'un sourire à un autre, je rêvais, je me souvenais aussi. J'essayais d'éloigner de moi les mots qui mettent de la distance entre deux personnes, les divergences de point de vue, d'opinion, les malentendus, les mal-dits. 

Je me souviens d'avoir senti en moi l'expérience de toutes les femmes avant moi, toutes les femmes de ma lignée, les femmes fantasmées et aussi celle que je rêvais d'être quand j'étais petite. Finalement c'était une toute petite part de ce que je porte à présent. C'était une toute petite fille, une toute petite femme/fille. Avec un rêve très grand, très lourd, comme un parfum. 

Je porte à mon tour des filles, des petites filles, dans mon cœur, mes toutes petites filles et leur grand désir de vivre, et leur grande joie si précieuse, ces joies qui nous traversent pour traverser le temps, traverser la vie, mes filles/femmes aux visages et aux corps que le temps transforme et que la vie emporte dans ses bras. A leur tour elles posent leurs mains sur des ventres chauds, des baisers sur des genoux écorchés, sur des lèvres tremblantes. 

Ces pensées me rapprochent et m'éloignent de celles et de ceux que j'aime, que j'ai aimés, que j'aimerais, qui m'aimaient, m'aiment, ou m'aimeront, car l'amour est comme une vague qui va et vient sans jamais s'arrêter…













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