mardi 28 juin 2016

La cueillette










ce soir c'était le moment de cueillir les abricots
de les saisir délicatement au creux de la main
d'en sentir la douceur et la rondeur de bourses chaudes et duveteuses
d'aller au cœur des branches pour  attraper ceux 
que l'arbre veut encore garder
ceux qu'il réserve aux oiseaux voraces
de lui permettre sa rançon d'égratignures 
en laisser tomber quelques uns pour le plaisir d'aller les déloger sous l'euphorbe
sortir victorieuse de la bataille contre le latex urticant 
par la douceur et la précision d'un geste respectueux et millénaire
lui dire simplement
je ne veux pas emporter ton cœur
je te désire juste
je te désire ouvert comme un fruit
et non pas amer et racorni
et c'est pour cela, 
c'est pour cela mon ami
que je t'aime et que je t'aimerai
dans ton écorce et dans ta sève
dans l'herbe et sous les feuilles
dans les draps et sur ta peau
dans la chaleur du soir
qui tombe sur nous et nous regarde vieillir














2 commentaires:

  1. Je ne me souviens pas t'avoir jamais lue dans ce registre, ode à la nature, la plume comme ensoleillée du jardin... Ça te va bien, c'est un chant tout en sourire. Merci.

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