je voyais le monde s'écrouler depuis mon balcon
je n'avais pas le choix, le monde me tenait la tête
il fallait que je le voie pour y croire
le monde était là avant
il était là avant moi
je le voyais comme si c'était la première fois
il tremblait de rage et dedans ça grouillait
les vers se grouillaient de finir leur besogne
fouailler le plus vite et le plus loin possible
il fallait regarder ça pour de bon
fignoler le cadrage
la colonne vertébrale toute molle
laisser couler le monde par les yeux
laisser le monde dans l'alarme
comme si les sirènes n'avaient pas hurlé assez fort
ni assez longtemps, ni assez haut
elles avaient hurlé trop sourdement
dans un monde désert
qui nous servait de dessert
à nous les trop gâtés, à nous les pourrissants
nous qui n'avions pas voulu nous embrasser
nous nous embraserions
c'était écrit ici