Cette flamme qui brûle au fond des êtres est belle et pure. Ce n'est pas une déflagration qui calcine. C'est une action obstinée et réfléchie, une combustion continue. C'est la force de l'irréductible.
C'est une flamme qu'on ne remarque pas tout d'abord, parce qu'on est souvent distrait par toutes les étincelles et tous les éclats qui tourbillonnent sans cesse : la brillance, le luxe, miroirs partout tendus, phares aveuglants braqués sur les yeux, grandes plages de couleur, de blancheur.
Mais lorsque tout devient gris de fatigue et d'usure, lorsque la plupart des êtres se sont éteints et se sont effacés, alors on remarque cette lueur étrange qui brille par endroits, comme des feux de braise. Quelle est cette lueur? Que veut-elle? Est-ce le désir? Le plus simple désir alors, la force de la vie, la force de la vérité.
Ceux qui refusent les mensonges, ceux qui ne sont pas compromis dans les affaires louches du monde, ceux qui ne se sont pas avilis, qui n'ont pas été vaincus, ceux qui ont continué à vibrer quand tous les autres se sont endormis : la lumière n'a pas quitté leurs yeux. Elle continue à sortir de leur peau, de leur âme, la lumière pure qui ne cherche pas à vaincre ou à détruire.
La lumière pour cette seule action : voir, aimer.
Je cherche ceux et celles qui brûlent. Ce sont les seuls immortels.
JMG Le Clézio
Mon amie Danielle m'avait envoyé un jour ce texte accompagné d'un dessin de sa main: une grande flamme rouge. Elle m'avait écrit que ce texte lui faisait penser à moi, que j'étais comme ça. Elle m’appelait "Ziza" parce que ça signifie "Lumière". J'ai été tellement émue par ce cadeau venu de cette grande dame, quelques mois plus tard le cancer l'a emporté. Je continue à aller sur son blog, près de huit ans après et à te parler d'elle j'ai les yeux plein de larmes...
RépondreSupprimerElle devait être elle aussi "comme ça", et huit ans après elle n'est pas morte en toi, c'est ça être immortel. Je t'embrasse doucement Désirée.
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