"C'est bon, les lèvres d'un autre, cela donne à vos lèvres à vous un goût de violettes, cela vous donne un cœur tremblant et doux, un écureuil dans la cage d'os, un poisson d'or dans le sang rouge."
Isabelle Bruges
"C’est le droit élémentaire de ceux que j’aime de me quitter sans aucune explication.
Sans raisonner leur départ.
Sans prétendre l’adoucir pour des raisons qui seront toujours fausses.
Ceux que j’aime, je ne leur demande rien.
Ceux que j’aime, je ne leur demande que d’être libres de moi et de ne jamais me rendre compte de ce qu’ils font ou de ce qu’ils ne font pas, et, bien-sûr de ne jamais exiger une telle chose avec moi.
L’amour ne va qu’avec la liberté.
La liberté qu’avec l’amour. »
"Ce n'est pas moi qui vois les choses. Ce sont les choses
qui me donnent les yeux.
Les images pures, personne ne les invente. L'âme de
l'arbre se sépare un instant
de l'arbre, vient sur la page, écrit le poème sur
l'arbre et signe Ronsard."
La nuit du cœur
" L'arbre est devant la maison, un géant dans la lumière d'automne. Vous êtes dans la maison, près de la fenêtre, vous lui tournez le dos. Vous ne vous retournez pas pour vérifier s'il est bien toujours là – on ne sait jamais avec ceux qu'on aime : vous négligez de les regarder un instant, et l'instant suivant ils ont disparu ou se sont assombris. Même les arbres ont leurs fugues, leurs humeurs infidèles. Mais celui-là, vous êtes sûr de lui, sûr de sa présence éclairante. Cet arbre est depuis peu de vos amis. Vous reconnaissez vos amis à ce qu'ils ne vous empêchent pas d'être seul, à ce qu'ils éclairent votre solitude sans l'interrompre. Oui, c'est à ça que vous reconnaissez l'amitié d'un homme, d'une femme ou d'un arbre comme celui-ci, gigantesque et discret. Aussi discret que gigantesque. "
L'inespérée
"Quand j’aime quelqu’un, je ne fais pas de détail. Je le prends dans mes bras et je l’emporte à jamais. Je lui ouvre une petite chambre dans la maison rouge du cœur. Avec ses défauts, avec sa jeunesse, les choses imprécises, les choses maladroites, tout ça."
Pensées tirées d'une interview de Christian Bobin
" Aimer quelqu'un, c'est le lire. C'est savoir lire toutes les phrases qui sont dans le cœur de l'autre, et en lisant le délivrer. C'est déplier son cœur comme un parchemin et le lire à haute voix, comme si chacun était à lui-même un livre écrit dans une langue étrangère. Il y a plus de texte écrit sur un visage que dans un volume de la Pléiade et, quand je regarde un visage, j'essaie de tout lire, même les notes en bas de page."
La Lumière du monde
"Les hommes regardent les femmes et ils en perdent la vue. Les femmes regardent les mots d'amour et elles y trouvent leur âme."
La grande vie.
"On peut donner bien des choses à ceux que l'on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m'as donné le plus précieux de tout: le manque. Il m'était impossible de me passer de toi, même quand je te voyais tu me manquais encore. Ma maison mentale, ma maison de cœur était fermée à double tour. Tu as cassé les vitres et depuis l'air s'y engouffre, le glacé, le brûlant, et toutes sortes de clartés."
" Personne n'a une vie facile. Le seul fait d'être vivant nous porte immédiatement au plus difficile. Les liens que nous nouons dès la naissance, dès la première brûlure de l'âme au feu du souffle, ces liens sont immédiatement difficiles, inextricables, déchirants. La vie n'est pas chose raisonnable.
On ne peut, sauf à se mentir, la disposer devant soi sur plusieurs années comme une chose calme, un dessin d'architecte.
La vie n'est rien de prévisible ni d'arrangeant. Elle fond sur nous comme le fera plus tard la mort, elle est affaire de désir et le désir nous voue au déchirant et au contradictoire.
Ton génie est de t'accommoder une fois pour toute de tes contradictions, de ne rien gaspiller de tes forces à réduire ce qui ne peut l'être, ton génie est d'avancer dans la déchirure, ton génie c'est de traiter avec l'amour sans intermédiaire, d'égal à égal, et tant pis pour le reste.
D'ailleurs quel reste ..."
La plus que vive
"Quand on aime quelqu'un, on a toujours quelque chose a lui dire ou à lui écrire, jusqu'à la fin des temps"
Geai
"Je ne saurais vous dire la jouissance que me donne votre corps, lorsque vous me l'abandonnez. Aucun langage ne le recueille. Aucun regard ne la contient. Les amants éprouvent, sans le comprendre ce qu'est l'éternité :
elle se confond avec la faiblesse qui précipite leur souffle.
Elle obscurcit leur sang et fait la nuit autour d'eux, comme il arrive dans une souffrance, lorsqu'une flamme élance les chairs les plus tendres.
La jouissance engendre un savoir sans équivalence sur l'éternel : elle révèle en nous bien trop d'enfance et de douceur pour que mourir, jamais, en vienne à bout . les mains sur la peau touchent l'âme à vif .
Elles en sentent la palpitation . Elles en deviennent le trouble."
Souveraineté du vide suivi de Lettres d'or