jeudi 19 février 2015

l'eau à la rivière / as the water goes to the river






Lorsque tes silences sont plus étirés, je sens
Qu'il faut te laisser glisser plus loin
Ne même pas agiter la main
Et pourtant
Aussi sûrement que l'eau va à la rivière
Je cherche toujours à revenir vers toi



When your silences are more stretched, 
I feel I must let you go away
Not even move my hand
But
As surely as the water goes to the river
I always try to get back to you























mardi 17 février 2015

samedi 14 février 2015

Quand je pense à toi



quand je pense à toi
je pense à l'espace
je lie les temps
parfois j'angoisse
parce que je sens
qu'un poids te manque
un peu de plomb
dans ta formule
dans les épines
de tes talons


quand je pense à toi
je pense aux galets
qui trempent ici
ceux que je voulais
pour tes poches
ceux que t'as pas pris
que tu ne connais pas
ils ne brillaient pas 
assez pour toi
à cette époque là



quand je pense à toi
je pense à l'amour
celui que tu fais
et que tu défais
celui qui t'éloigne
et puis tu reviens
un peu moins bien
et puis moins loin
encore plus beau
un peu plus haut



quand je pense à toi
je pense à tes mains
celles qui tremblent
ou qui épluchent
celles qui se posent
comme des oiseaux
dans l'affolement
des sentiments d'enfants
un peu perdus
mais tellement assidus



quand je pense à toi
tu penses à moi
dedans très doux
parce que c'est écrit
ici en tout petit
et que ça suffit bien
c'est un champ de blé
une touffe d'herbe verte
avec une coccinelle dessus
qui s'ouvre et s'envole




















Femme en quête









Femme fatiguée posant le front sur le chambranle de la porte
Femme brûlante posant le ventre contre le froid de la vitre

Femme buvant le thé et se souvenant des gestes des mains
Femme guettant les mots qui réchauffent l'âme

Épuisante femme en besoin de mots
Épuisante de tant vouloir donner

Femme marchant doucement sans rien piétiner
Femme regardant les spirées s'ouvrir sous la pluie











                                                      Michael Kenna, Twenty Four Trees, Abashiri, Hokkaido, Japan, 2005


















vendredi 13 février 2015

Au ciel point de boue



Tête haute, regard fier
Au ciel point de boue
Tenons le ce fil
Cerf volant, poisson ...flocon neigeux d'une plume
Ou même l'univers dans son entier
Que savons nous de ce que nous retenons ?







JF Segura












jeudi 12 février 2015

mantra contre la peur


















Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur mon chemin. Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

Frank Herbert
Dune
litanie contre la peur


































mardi 10 février 2015

Miroir








Comme je ne me suis pas préparée, je n'ai pas vu que ce n'était pas un piège
Je suis tombée dedans néanmoins

Comme le miroir ne projette qu'une ombre je ne m'y regarde pas
Je pose le regard dans le tien, miroir d'yeux

















mardi 3 février 2015

passage








fermer les yeux pour voir
dans quel sens le centre fait silence
le sol vibre et l'espace appuie .
Comme tes mains sont froides...
l'amour est là qui passe
rien ne le retient






























Haute voie





Te dire : les mots ne sont jamais là par hasard
Ils viennent des brouillards des esprits
Parfois ...ils restent bien plus longtemps que prévu
De dits, ils deviennent inscrits dans la pierre offerte des mémoires
De prononcés ils tapissent nos vies de leur mousse résistante
Et par tes mots dits je te retrouve là où le hasard t'a placé
Tout en haut de mon histoire 
Là où les mains se croisent parfois
(et prient ?)










Merci à Alt, 
merci aussi à B
merci à ceux qui chantent
et donnent leur voix 
et nous incitent
à donner la nôtre
















lundi 2 février 2015

Du plus loin, du plus doux, du plus profond






Retrouver au fond du nid de ta barbe
ta bouche parmi la broussaille
entrer à l'intérieur de toi par le tout petit interstice
entrouvert.

Monter et descendre toutes ces courbes à perte de sens,
la promenade infinie des doigts
de la pulpe au creux de la paume.

Reconnaître la chute entre la cage
d'os qui protègent ton souffle
et ton ventre creux.

Du plus loin,
du plus doux,
du plus profond
recueillir la sève nouvelle née,
celle que tu ne veux bien libérer
qu'après abandon extrême.


Glisser sur ta minéralité de caillou,
issue du plus profond volcan de la terre.

Voyager aux sources de ta peau
Pour me défaire de la mienne.










                                               
                                                  Atanas Matsoureff