lundi 25 mars 2019

Lettre






si tu ne m’enveloppes plus 
j'irai danser sur des cailloux
je creuserai un trou
il n'y aura plus de mue
laisse-moi être 
chrysalide
limpide
fougère
dépliée
aile
de 
libellule
lychen
papier ciseau










ill : Andrey belichenko







dimanche 24 mars 2019

Nager nue








Il faut reprendre la traversée 
sans crainte de la profondeur de l'eau
avancer, avancer, ne jamais plus retourner
vers ces rives habitées et connues
tout y abandonner
nager nue








ill : Andrea Boyer (merci)

















vendredi 22 mars 2019

adieu







avec les changements de google, j'ai perdu 6 abonnés 
...déjà que j'en avais que 9 ;)




🔁







jeudi 21 mars 2019

A l'envers






C'est une bien étrange conception de la vie 
que de laisser souffrir les gens qui  vous aiment
et de ne se préoccuper 
que de ceux qui vous font du mal
C'est comme un printemps avorté
Un baiser sans lèvres

C'est la raison pour laquelle
je demande
à dormir longtemps
et sans rêve

















dimanche 17 mars 2019

Croire







Est-ce que lorsque quelqu'un s'éteint 
Quelqu'un d'autre s'allume ?
je veux y croire



















mercredi 13 mars 2019

traversé de rien










il faut rentrer doucement dans la lumière
la laisser dessiner Jaldara jouant à contre-jour
placer le pied posément entre chaque galet
éviter de rien déplacer
le regard émerveillé par la minuscule immensité de l'herbe
projetant des ombres comme celles des trembles
en tout petit sur le chemin
il faut sentir le vent pousser dans votre dos
avancer au rythme de son souffle
attendre que la ligne de nuages redémarre
comme un train sur un quai de gare
et se sentir traversé de rien







lundi 11 mars 2019

Disproportion






Il l'aimait comme un fruit
Elle l'aimait comme un arbre
Il l'aimait sans parfum
Elle voulait s'enfouir en lui
Il ne voulait rien garder
Elle voulait tout connaître

Son amour était trop grand
Il ne lui allait pas







Early









mercredi 6 mars 2019

Secondaire









C'est l'histoire d'un personnage secondaire. Un qui ne saurait rien de son manque d'importance, qui ne serait là que pour témoigner de la présence des autres. Il entendrait tout, subirait tout, se souviendrait de tout. Il serait totalement impuissant, soumis aux événements, ne pourrait rien enrayer ni impulser. Il serait le serviteur éperdu.
Il demeurerait anonyme. Personne ne se souviendrait de son nom (il sonnait pourtant bien)
Il mourrait seul et oublié.
Il avait pourtant bien joué son rôle.

























Parfois l'eau








parfois l'eau brille comme le feu
le sable brûle comme la peau
le temps se dissout comme un salaud
les portes s'ouvrent à nouveau
parfois la soif s'étanche un peu


















A toi









à toi l'oiseau qui se cogne à la vitre
le vide et le plein des jours
mes lettres muettes
le livre sur l'étagère
à toi les battements de mon cœur
les rides sur le lac
les prières des fous
la peur de mourir sans te revoir
à toi les pieds enfoncés dans le sable
la toile abîmée qu'on répare
le brouillard au bout du pont
à toi ce jour là
ce bonjour sur un quai de gare
cet adieu sans un regard
à toi cette poursuite
cette envie d'aimer là 
maintenant tout de suite
à toi la fuite
à toi l'eau des larmes
le bruit des rires éteints
la vie cette étrangeté infinie
à toi l'air que je respire
le verre que je peins
la transparence et le froid de la glace
où je ne te vois plus
à toi aimé
finir où tu commences
 et commencer où tu finis










A. Becker B








dimanche 3 mars 2019

Au bout de la nuit de sa vie de lie en lie





Au bout de la nuit de sa vie de lie en lie


Besoin d'être rassurée tenue soulagée ravie étonnée calée émue lovée vivifiée écoutée amie lue relue retenue remuée chassée enchâssée délivrée déliée démunie gravée datée coulée roucoulée classée déclassée pêchée empêchée dépêchée nettoyée dépêtrée tendue ...Besoin de marcher des heures des jours des nuits...Où sont-elles passées ces nuits à marcher sur des fils sur des routes mauvaises trouées mais pétries de bonheur d'espoir de mensonges de doutes et de duperies toutes plus brillantes les unes que les autres. Que sont devenus tes bras? Tes mains? Ton nom? Qui le porte? Le prononce? L'appelle? Je n'étais pas pour toi et tu n'étais pas pour moi. Qui l'a su? Qui le sait? Qui s'en souvient? La nuit dansée, rêvée, marchée dessus dessous dedans dehors. Les yeux que je portais sur moi étaient-ils les mêmes? Les yeux qui me restent s'ouvriront ils encore? Mes pieds m'emporteront ils au bout du voyage? Te rencontrerai-je encore une fois? Aurons-nous une chance cette fois?
Secoueras-tu la poussière qui me recouvre? Cloueras-tu le bec à toutes ces imbécillités féroces?
Me croiras-tu? Te prendras-tu au sérieux cette fois? Serons-nous adultes un jour?
Emmène-moi dans ces eaux-là, celles que je ne connais pas, qui montent sans jamais s'arrêter devant rien ni personne. Emmène-moi sur cette planche-là qui flotte, sur ce cachalot ventre en l'air, sur l'air de ça ira, attache moi avec ta ceinture de sécurité celle qui fait des nœuds coulants comme du fromage, surfons dans ces courants d'air de rien, glissons loin des rampes anti-collusion, misons là-dessus, tu veux?


1 02 2009




Edward Weston